Une métaphore de la thérapie systémique
Je me suis demandée comment transmettre l’essence de la thérapie systémique
stratégique, ce métier de systémicienne que j’ai choisi. Et comme souvent en systémie…
simplifier n’est pas simple.
On touche ici à un paradoxe : comment rendre accessible une approche qui se base
justement sur la complexité, les boucles, les interactions ?
Alors j’ai pensé à ce que je fais naturellement en séance : je raconte des histoires. Des
métaphores. Parce qu’elles parlent au corps, à l’intuitif, à l’imaginaire. Parce qu’elles
résonnent et se vivent, comme les histoires des personnes, couples et familles que
j’accompagne.
La fleur qui se fane
Un voisin passe et lui dit “ta plante fait grise mine, tu devrais lui mettre de l’insecticide”. Alors l’homme met de l’insecticide. Mais la plante continue à se faner.
Un autre voisin passe et lui dit “ta plante meurt, tu devrais ajouter de l’engrais”.
Alors l’homme ajoute de l’engrais. Mais la plante meurt encore plus vite.
Alors la jardinière systémicienne regarde autour d’elle et lui dit. “Votre plante, il me semble, a simplement besoin de soleil. À la regarder, à la couver et à la soigner comme vous faites tous les matins, vous lui faites de l’ombre au moment le plus ensoleillé de la journée.
Laissez cette plante tranquille, laissez le soleil prendre soin d’elle le matin et la nature fera le reste”. La systémicienne continua son chemin. L’homme décida d’arrêter de s’acharner sur sa plante et la laissa quelques jours sans y toucher. Doucement, la plante repris des forces, et ses couleurs.
La mouche prisonnière de la bouteille de verre
Il était une fois une mouche curieuse qui se retrouva coincée dans une bouteille de verre. Attirée par le sucre, elle trouva l’entrée facilement mais une fois dedans elle paniqua pour ressortir. La mouche se mit alors à voler dans un sens et se tapa contre la paroi. Elle reprit son vol et se cogna contre l’autre paroi. Elle s’affola de plus en plus, volant de plus en plus vite, dans tous les sens sans jamais trouver la sortie, elle avait « tout essayé ». Elle ne savait faire que ça, voler, alors c’est ce qu’elle fit, pendant des heures.
Puis, la mouche se fatigua. Elle finit par accepter son sort, prise au piège, elle ne sortira jamais de cette bouteille. C’est ainsi, un peu résignée, qu’elle se mit alors à marcher, chose qu’elle ne faisait jamais. Elle marcha le long de la paroi sans but, doucement. Elle marcha vers le bas, puis doucement, elle remonta, et monta encore jusqu’à ce que soudain, elle finit par trouver la sortie. Enfin libre !
Décryptage d’une vision systémique :
- En systémie, on considère l’individu pris dans l’ensemble de son environnement, dans sa globalité.
- On regarde tout le système : ses équilibres, ses tensions, ses boucles, ses relations.
- On ne cherche pas un coupable, ni même forcément une cause, l’urgence n’est pas à comprendre comment cela a commencé mais comment s’en sortir.
- On considère que généralement, dans le système, chacun fait de son mieux, mais que le « mieux » de chacun peut bloquer l’ensemble.
- On ne « corrige » pas l’individu ni sa nature : on ajuste sa position, on crée des meilleures conditions, on relance du mouvement dans un système vivant.
Ce que la posture systémique change en thérapie
- Le symptôme n’est pas une erreur, il a une fonction de tentative de solution dans un système dysfonctionnel pour l’individu.
- Le symptôme ne doit pas être atténué à tout prix, il doit être écouté.
- On travaille sur les interactions, pas sur des étiquettes.
- On fait des hypothèses, non pas des vérités réductionnistes.
- On alterne les points de vue pour trouver des issues.
- On fait du cas par cas, du sur-mesure.
- On invite à tester, à jouer, à décaler.
- On ralentit, on accepte d’arrêter de faire ce qui nous paraît logique.
- On pense circulaire, pas linéaire.
« Avec les meilleures intentions on produit parfois les pires effets » – Oscar Wilde
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